Le compte est bloqué, c'est tout.
Un simple lien vers les CGU m'indique les raisons possibles : c'est un texte générique dans lequel est surtout mentionné le vilain spam, les règles de bonne conduite... Or je n'ai envoyé aucun spam, strictement aucun, insulté ni provoqué qui que ce soit. J'ai même, ces dernières semaines, plutôt passé du temps à répondre à des sollicitations via la messagerie interne, et je l'ai fait de façon positive.
Il m'a fallu prendre un peu de recul pour réaliser la violence de la procédure - du moins telle que pourrait la percevoir n'importe quel autre professionnel dont les activités dépendent au quotidien de cette plateforme.
L'amplification de ma frustration venant surtout du fait que j'étais en pleine période de due diligence, avec d'autres contacts de mon réseau alors occupés, ces jours-ci qui tombaient justement très mal, à valider mon profil sur deux missions clés pour mon avenir.
Aujourd'hui, quand on veut savoir qui vous êtes, on vous googlise, on vous scrute au travers de votre présence numérique : à commencer par Linkedin, votre profil professionnel. Nous prenons chaque jour un peu plus la mesure de l'inévitable dépendance qui va en s'aggravant envers cette plateforme.
Je suis qui plus est, depuis mon rôle actif au sein du Social Selling Forum et dans le contexte de mon agence de Content Marketing, un spécialiste de cette discipline que j'enseigne en divers ateliers et séminaires.
Imaginez ce que l'absence de profil Linkedin représente pour un type qui prétend expliquer aux autres comment s'en servir.
Il n'est pas excessif d'évoquer un réel préjudice commercial quand votre compte est ainsi fermé pendant 7 jours.
Car oui, cela a duré 7 jours.
Si j'ai fini par retrouver le numéro de téléphone de la directrice marketing Europe, Laurence Brett (et je suppose que c'est ce qui a permis d'accélérer la processus de réactivation) - je n'ose imaginer mon degré d'exapération si je n'avais pas eu la chance et le privilège de la connaître : je serais probalement resté plus longtemps confronté au silence obstiné de la Machine. Laurence m'a d'ailleurs laissé un message fort contrit, agréable et constructif.
Mais 7 jours, ça reste too much eu égard à une fermeture complète de l'accès au compte : pas besoin d'être un génie visionnaire pour se faire la réflexion qu'un accès restreint au profil aurait pu suffire même si j'avais été réellement fautif : laisser la page active et accessible, brider les fonctions de posting par exemple, puis aviser sereinement côté support.
Cette coupure a donc inauguré une période de très mauvaise humeur : pas besoin d'être un digital junky pour vivre comme un cauchemar cette punition intempestive qui a rendu mon profil inaccessible dans le contexte de mes efforts de networking stratégique sur cette période.
Et notamment, pour des personnes avec qui le contact a été établi récemment, dont on ne peut qu'anticiper avec une certaine anxiété ce qu'ils vont penser de moi, branquignole 2.0, probable spammeur, etc.
Car voici le genre de messages, mails, twitts, pokes Facebook, que mes plus proches contacts ont commencé à émettre dans ma direction en ne parvenant plus à me retrouver sur Linkedin (dès les premières heures suivant ma désactivation) :
"fâché avec Linkedin ?",
"tout va bien, Fred ?",
"qu'est-ce que t'as pu faire pour qu'ils désactivent ton compte ?",
"ouf, je croyais que t'étais décédé",
"mais qu'est-ce t'a foutu doudou dis donc ?",
etc.
Forcément, une subtile forme d'opprobre commence à pointer le bout de son nez.
Avoir son compte Linkedin désactivé, ça attire la suspicion. J'ai dû faire un truc pas très propre.
Autant vous dire que si j'écris ces lignes, c'est pour souligner le caractère ubuesque, voire kafkaïen, d'une procédure dont il faut espérer que son inutile violence ne se reproduise pour aucun autre utilisateur.
Car Linkedin est une véritable vecteur d'employabilité pour un grand nombre de personnes, et se trouve être bien plus important que le Pôle Emploi - à tant d'égards. C'est une responsabilité qu'ils doivent assumer complètement, en déployant des process fins et précis.
Le plus gênant c'est la très mauvaise gestion de ce type de désactivation :
- elle ne pondère pas mon ancienneté (j'ai dû me créer ce compte il y a près de 10 ans, sic)
- elle ne prend pas en compte la qualité de mon profil (qui aurait dû les faire hésiter : difficile de le prendre pour un profil de spammeur)
- elle ne prend pas du tout en compte la richesse de mes connexions et la qualité des échanges jusqu'ici réalisés,
- elle fait complète abstraction de mon absence d'antécédents en la matière,
- elle est stupidement une abrupte et totale éradication : un bridage partiel de mes fonctions de posting aurait pu suffire et eut été moins préjudiciable pour ma présence en ligne.
Enfin, et c'est là le pire : leur procédure n'a que très mal analysé, et encore moins justifié, les raisons de cette désactivation.
Je reste sidéré par l'approximation de la méthode et par ce qu'elle révèle d'incurie.
Dans ce process, Linkedin reçoit une alerte attirant leur attention sur mon profil.
Sans enquêter davantage, ils le désactivent. Ils vous coupent alors de tout accès à votre compte, et se proposent de "comprendre ce qui s'est passé" après coup... N'ayant d'ailleurs aucun élément de réponse à fournir ne serait-ce que pour nous prévenir, ou nous expliquer la situation au cas où le contact serait établi avec leur support technique.
Alors voici l'explication que j'ai finalement reçue après 7 jours d'attente :
Il faut donc comprendre que quelqu'un (je ne saurai jamais qui) s'est senti(e) offusqué(e) par l'extrait de phrase suivante :
"si suffisamment d'internautes viennent le commenter ici : (suivi de cette URL)". Alors que s'est-il passé ?
Je le raconte pour que vous puissiez mesurer l'absurdité de la démarche :
J'ai d'abord reçu un message interne, via la plateforme, d'une personne dont je n'en n'avais jamais reçu auparavant et avec qui je n'étais d'ailleurs pas même en connexion.
Dans ma mansuétude, je l'ai lu sans partir du principe que c'était du spam.
C'est un certain CHRISTIAN RIQUELME, "chargé de la prospective auprès du directeur général des services", c'est son titre officiel, qui ayant publié un rapport démontrant que le service public dispose des talents qu'il faut pour accélérer la transformation numérique de la France, souhaite nous proposer de le télécharger. Dans le même élan d'immense mansuétude, je vais jusqu'à proposer d'en faire le point de départ d'un talkshow webTV propice au débat pédagogique : dans mon studio d'enregistrement (j'ai coproduit plus de 4300 talkshows sur des thèmes pros similaires depuis 2009).
D'où ma propre réponse dans le fil des commentaires que ce monsieur avait échangés avec d'autres : "si suffisamment d'internautes viennent le commenter (...)", alors je disposerai d'une indication, d'un signal me permettant d'y voir suffisamment d'engouement pour le porter en talkshow à mes frais. Car c'est de l'éditorial : je n'ai rien à vendre.
C'est donc une remarque innocente qui a provoqué mon bannissement du réseau ! Une remarque que j'ai postée dans le fil d'une conversation complètement privée, visant à transformer une information non sollicitée en opportunité de débat (en l'occurrence citoyen).
Voici ma réponse complète en contexte, on peut noter au passage le caractère diabolique de ma démarche d'une inqualifiable violence langagière, âmes sensibles s'abstenir, hein :

En somme :
J'ai donc proposé dans un groupe de discussion CONFIDENTIEL, via messagerie interne, avec quelques personnes incluses dans cette conversation - qu'elles pouvaient d'ailleurs quitter à tout moment (fonction "supprimer cette conversation" dont tout un chacun dispose dans la messgerie), de venir commenter un sujet, et j'ai dit que nous le monterions en débat TV "si suffisamment d'internautes (venaient) le commenter ici" - ce qui est juste fair play (= "je ne monte le plateau TV que si le sujet a du succès au travers de ses commentaires).
... et c'est ainsi qu'ils ont coupé mon compte (sic) !!
Alors qui est le crétin / la crétine qui s'est plaint de mon comportement ?
- Sincèrement : je m'en fous.
Ce qui m'importe, c'est de comprendre pourquoi, et comment un simple acte de médiocrissime délation peut immédiatement conduire Linkedin à fermer un compte sans avoir à se justifier.
Le process, par définition même d'un process, doit respecter une progresion fondée sur le bon sens :
- comprendre (de leur côté : la mesure prise étant suffiamment sérieuse pour mériter une analyse plus fine),
- prévenir l'utilisateur de ce qui se passe,
- expliquer dans le détail quelles mesures risquent d'être prises et pourquoi,
- puis éventuellement brider le compte,
- puis enfin, si l'utilisateur est un evil spammer qui persiste, alors oui, le désactiver complètement.
Ce que cette histoire nous enseigne, et pointe de plutôt sérieux eu égard à l'impact de la plateforme Linkedin sur nos visibilité et crédibilité professionnelles, et sur le préjudice que son erreur de conception peut nous faire encourir, ce sont les aspects suivants :
- la nécessaire prise en compte de la responsabilité de ce type de plateforme en situation de quasi monopole et dont l'impact est incontournable sur notre existence professionnelle ;
- un process vexatoire et violent qui tel que je viens de le décrire, décèle une forme d'arrogance oublieuse de la forme et de la plus élémentaire des bienséances dans son déroulé (en lien avec le point précédent) ;
- l'ouverture inacceptable de conversations privées entre membres, qui plus est approximative et maladroite : quitte à les explorer, autant comprendre ce qui se dit, et savoir interprêter ces échanges avec jugeotte ;
- la riposte non graduée : le lien ubuesque entre une complète désactivation de compte et des propos quels qu'ils soient, sollicités dans le cadre d'une conversation cachée : là je parle juste de bêtise proprement dite - quand bien même eussé-je été un dangereux trou du cul, je n'ai pas factorisé la diffusion massive de messages publics à répétition, j'ai juste répondu une unique fois à un message via la messagerie interne ;
- Une justification qui relève de la plus pure fumisterie : calamiteuse procédure d'explication (je ne reçois le fin mot de l'histoire qu'après 7 jours de compte désactivé)
Enfin, une procédure fondée sur le crédit accordé à la délation : là est le sujet le plus grave, qui pose des questions profondes sur le mode de gouvernance d'une plateforme qui compte des centaines de millions d'utilisateurs.
À votre service pour en reparler, débattre sous quelque forme que ce soit, ou reccueillir vos expériences similaires.