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Posted: 14.3.2010 - 92 comment(s) [ Comment ] - 0 trackback(s) [ Trackback ]

Disons-le d'emblée : bien sûr que produire une web-tv par passion est quelque chose de gratifiant.

Je n'ai pas beaucoup de temps aujourd'hui pour me lancer dans une réflexion élaborée sur ce billet : mais quand bien même vais-je l'écrire d'une traite avant de sortir taper la balle pour évacuer une semaine de surcharge de travail, sachez que ces lignes sont en constante rumination dans ma tête depuis des mois. Ce qui explique leur écriture spontanée.

J'ai eu envie d'écrire ces lignes pour deux raisons :

  1. parce que je me prépare à accoucher d'un changement majeur dans le fonctionnement de cette web-tv collaborative (dont je n'exclue pas la fermeture définitive si l'annonce est mal perçue -pour des raisons d'écologie personnelle que les lignes suivantes vont permettre de comprendre) ;
  2. parce qu'un bloggeur très sympa du nom de Boris Perchat - le genre de personne honnête intellectuellement qui vous rappelle pourquoi vous faites ce métier simplement par sa gentillesse et ses encouragements - m'a envoyé un mail qui a provoqué la petite étincelle et l'envie d'écrire du jour en me disant  :

"ton service a de l'avenir et fait du bien à l'écosysteme"

et je dois dire que les bloggeurs qui partagent notre passion pour l'avenir du web dans nos vies nous donnent de vraies raisons de continuer de par la qualité des échanges que nous entretenons avec eux. Cette web-tv est un hommage très clair à leur dévotion et nous sommes toujours motivés par les mettre en valeur sur nos plateaux, leur permettre de sortir un peu de l'ombre et partager leurs vues éclairées. Il n'est pas question d'eux dans ce billet mais des sociétés qui viennent présenter indirectement leurs offres sur les plateaux.

Car la phrase de Boris m'a fait penser que l'écosystème ne nous faisait quant à lui aucun bien et qu'il s'agit là du fruit d'une idiosyncrasie culturelle franco-française qui me décourage parfois.

Tout d'abord pourquoi suis-je en mesure de faire un constat accablant sur nos mentalités : parce que j'ai une expérience business de gestion d'opération similaire sur 14 pays et que cela m'autorise à faire des comparaisons objectives. Après avoir revendu ma première société à Monster WorldWide en 1999 (un job board) j'ai eu la responsabilité très excitante de développer / coordonner le lancement de plusieurs produits web à échelle européenne, j'étais basé à Londres et j'ai cessé pendant 4 ans de tout voir par le prisme parisien : j'étais posté sur un fantastique promontoire pour observer ce qui pouvait bien se passer d'un pays à l'autre quand on lançait une opération. Donc mon amertume ne date pas d'aujourd'hui car j'ai pu déjà ouvrir les yeux sur nos mentalités dans le business.

Je ne peux néanmoins pas m'attarder là-dessus, ce serait trop long mais j'y reviendrai avec plaisir si on me questionne : je suis intarissable sur ce sujet qui m'a beaucoup fasciné. Voici plutôt ce sur quoi je voulais m'exprimer dans ce billet.

"L'écosystème", disais-je, nous rend très mal le bien que nous lui faisons. Là aussi, je pense qu'il s'agit d'une réalité objectivement défendable (je parle du fait que nous lui fassions du bien, je sais, ça a l'air prétentieux mais dans l'immédiat je me fous de la fausse modestie de rigueur dans le blogo-politiquement correct) - puisqu'il suffit de lire mon billet sur les statistiques du site et en ce qui me concerne de constater les relations professionnelles qui se nouent sur son réseau embarqué ou les players vidéos exportés qui créent du contenu à coût zéro pour les invités sur leurs sites. Là aussi, je vais un peu vite mais je pourrais développer à la demande.

 

Je suis donc dans une phase de relatif dégoût, je le dis comme à mon habitude en toute transparence et sans stratégie réfléchie.
Je ne sais donc si je suis très motivé pour continuer car l’écosystème nous rend en effet très mal les efforts que nous faisons. Explications.

Les sociétés qui ont des revenus convenables viennent se comporter ici comme d’authentiques crevards - ici comme ailleurs cela va sans dire.
Beaucoup de professionnels viennent ici consommer / prendre de la visibilité et se cassent sans dire merci – aucun renvoi d’ascenseur derrière. Le bisounours 2.0 est omniprésent.

Un simple calcul : nous avons reçu 600 sociétés au total en un an.

Jusqu’ici nous n’avons imposé aucun achat, aucune condition.
Mais nous avons juste proposé aux participants d’acheter pour nous remercier leur dvd à 100 ou 200 euros - en pointant bien le caractère symbolique de la chose : une manière de cotiser librement pour encourager la suite. (là je ne comptabilise pas les simples blogueurs : je parle bien de sociétés pour qui 100 ou 200 euros c’est une note de frais acceptable, à la limite du dérisoire).

Devinez combien ont acheté une source vidéo, histoire de dire "merci" : trois en six mois.

Je parlais de mon expérience de gestionnaire de projets européens: je puis vous assurer qu'ils m'ont donné la mauvaise habitude de croire dans les renvois d'ascenseur informels, entre professionnels qui savent se dire merci cordialement par de petites preuves de solidarités.
Des opérations similaires à Londres, Dublin, Francfort, Barcelone etc. se révélaient toujours gratifiantes et encourageantes.

Trop de français sont encore vraiment d’authentiques petites enflures en business : toujours dans la suspicion et le mépris pour ceux qui gagnent leur croûte. Toujours à rechercher la petite bête, toujours prêts à se déclarer choqués dès qu'il faut participer même symboliquement aux frais d'une opération. Rassurez-vous j'ai prévu de retourner vivre à Londres, ce pays me donne envie de vomir et mes actions seront cohérentes avec ce que j'écris ici de façon lapidaire je le concède - mais encore une fois, je me donnerai le temps d'argumenter et développer ma vision car je veux que ça serve à quelque chose. Il n'est d'ailleurs guère surprenant que de plus en plus de français se cassent vivre aux US ou ailleurs où les entrepreneurs sont mieux soutenus, ne serait-ce que par la psychologie collective environnante.

Une majeure partie des conférenciers français sont tellement arrogants et persuadés d’être de fantastiques orateurs que, quand tu les invites sur un plateau ou dans une conf, ils estiment, c’est culturel et systématique, que c’est eux qui te rendent un service ou te font une immense faveur. J'ai même eu un mega conard une fois qui a suggéré qu'il aurait dû nous envoyer une facture pour le temps qu'il nous a offert (qui plus est sa société, totalement à la ramasse, donnait un caractère d'autant plus surréaliste à son attitude) : sa vidéo a été immédiatement supprimée. Des professeurs en  provenance d'une grand Ecole dont les cours et certaines recherches portaient - ironie suprême - sur l'éthique et le business ont été parmi les pires impostures que j'ai pu observer.

Complexité des invitations : il suffit de voir comme une personne sur trois se fait désirer quand on l’invite sur le plateau : c’est une tannée en termes de relances etc.

Nous en avons même qui annulent à la dernière minute au mépris du setup coûteux qui est mis en place avec d'autres invités.

Jamais je n'ai vu une chose pareille avec les anglo-saxons. Dès que vous leur mettez à disposition un media structurant, et qui plus est gratuit, leur attitude est très proactive et stimulante. ils travaillent à vous laisser une bonne impression parce qu'ils savent que le monde est petit et qu'en affaires, il n'y pas d'amour, mais que des preuves d'amour (aussi). L'échange de bons procédés fera donc hurler les habituels curés du pseudo purisme 2.0, mais oui, ne nous voilons pas la face, même à l'échelle de Dame Nature, la notion d'écosystème ne tient la route que parce que les échanges de bons procédés existent et cimentent l'ensemble.

Je pourrais passer des heures à argumenter, et certains vont me dire que c'est moi l'abruti d'écrire ceci sans ambages ; il y en aura même pour tenter de me dépeindre comme un frustré etc. parce que je me mets à déblatérer sur ce marché. Ma société est à l'équilibre, tout va bien. Je n'écris ceci que parce que je suis désabusé par l'attitude d'un grand nombre de professionnels que je trouve inconséquents, prétentieux, et hypocrites. et que personne n'a les couilles de le dire tout haut, puisqu'en effet l'argument est en permanence retourné contre ceux qui le profèrent : "tu parles ainsi parce que c'est toi qui échoue etc." Eh bien non, je n'échoue pas, et j'ai déjà roulé ma bosse à l'étranger, alors je peux dire les choses en face. J'ai deux armes terribles : 1) je me m'en fous, je n'ai rien à me prouver, et 2) j'ai comparé avec d'autres pays dans des circonstances très similaires.

Je me moque donc des qualités personnelles de ceux que je montre aujourd'hui du doigt : je ne me permets pas de juger sans connaître. Je parle du manque de feedback professionnel.
Je parle de cette ambiance insupportable d'arrogance.
Je parle de ceux qui nous font une vie impossible après un tournage pour obtenir toutes sortes de petites faveurs (livrer plus vite, changer le texte associé, donner une copie de la source vidéo, faire une coupe dans la vidéo pour les mettre en valeur à tel ou tel moment, etc.) : alors que nous dynamisons un réseau en leur offrant du 100% gratuit.
Je parle de ceux qui nous traitent comme si nous étions leurs fournisseurs ou, pire, un service public que l'on peut insulter parce qu'on estime que c'est payé avec leurs impôts : sauf que là, nous ne percevons aucune subvention.

L'écosphère 2.0 française est un microcosme de professionnels qui confondent "2.0" avec "pique-assiette", qui vivent dans le mythe ou le fantasme permanent qui consiste à croire que l'on est tellement intelligent qu'on fait une faveur à quiconque nous invite - et que, chouette alors, le 2.0 c'est trop cool on peut devenir une starlette et se faire une visibilité en ne déboursant jamais rien. A vrai dire sincèrement, ce billet que j'écris sans fioriture et probablement très mal parce que je suis pressé et en colère est l'occasion d'exprimer mon sincère écoeurement : d'être toujours soumis à des questionnements et à des attitudes profondément immatures.

Les français - et je ne sais pas dans quelle proportion exacte et je m'en fous, c'est juste un feeling très dominant - sont très immatures en business et ne savent pas se renvoyer l'ascenseur.

Un type d'une cinquantaine d'année, cofondateur d'une société de premier plan qui oeuvre sur "l'Entreprise 2.0" (sic!) m'a dit récemment en lisant notre accord de diffusion - pour le droit à l'image : " les conditions sont inacceptables ! " (pour info, on ne peut rien diffuser sans accord signé, et je déteste l'idée de devoir bosser pour rien si je m'aperçois quelques semaines plus tard qu'un affreux Jojo veut qu'on retire sa vidéo du site sur un caprice, ce qui nous est déjà arrivé). Le type, furieux, en lisant cet accord standard que tout le monde signe quand il passe sur une émission de télé, nous dit : "les vidéos de TED sont d'une toute autre qualité, nettement meilleures que les vôtres, je ne sais pas pour qui vous vous prenez !  Vous devriez payer ma participation pour que je signe une telle autorisation !" (je signale que le type avait le cul sur sa chaise d'intervenant à quelque secondes du lancement du tournage, et qu'en gros, il voulait bien prendre la parole, être visible et faire le malin avec sa marque aussi, mais ne pas signer officiellement le droit de le diffuser...).

Pour qui se prend-on ?

Eh bien, les conférences TED remplissent des salles dont les sièges sont facturés à un prix moyen de 10.000 US Dollars.

Quant aux tables rondes en studio chez nous : elles gratuites pour tous.

Ce genre de feedback stupide et désespérant n'est évidemment pas la règle, mais son côté caricatural est symptomatique car je reçois d'autres commentaires, plus subtils et sur la masse, infiniment plus pervers et plus déprimants.

 

Les organisateurs de conférences IRL  (In Real Life) vous demandent de vous créer des badges sur leurs sites web avant de pouvoir venir assister à des conférences parfois même très chères ; ici, pour des contenus similaires et souvent supérieurs en qualité (j'assume mon manque de modestie),  nous ne demandons qu'à établir un dialogue d'égal à égal avec des gens clairement connectés et identifiés sur le site : là aussi je récupère des insultes chaque semaine.

Pourtant, les mêmes trolls sont bien obligés de se connecter, sur LinkedIn, Facebook et consoeurs avant de voir ou d'accéder à quelque contenu que ce soit, texte ou vidéo.  Mais non, chez nous, ils préfèrent s'acharner et critiquer. Voire insulter. "putain d'enculé de formulaire de merde" ai-je trouvé écrit par un utilisateur qui s'est créé un compte que nous avons bien sûr effacé. Le "putain d'enculé de conard de merde" en question évidemment consommé une douzaine de vidéo sur le site. Je vous rassure, ce genre de comportement est rare : mais voici mon point : quand j'organise une fête je suis en droit de savoir qui vient chez moi. Surtout quand j'offre la conso.

Et de façon générale et dans des contextes certes moins passionnels que l'exemple extrême ci-dessus, le critiquacouillard français a la dent dure.Il adore s'acharner sur ce qu'il ne paye pas, surtout si c'est une initiative fragile, naissante, et somme toute pleine de bonne volonté disons-le. Parce qu'il se demande "mais où est l'entube ?". Ce qui l'effraye, le fascine et l'insupporte, c'est que, contrairement à Mère Térésa, nous puissions quant à nous  avoir des objectifs secondaires et avoir quelque chose à gagner là-dedans.

 

Je reste persuadé après cette année entière d'observation attentive que la sphère 2.0 franco-française est vérolée par une masse assez exceptionnelle de râleurs qui nous pourrissent la vie et pourrissent le concept même de 2.0.

Je reste non moins persuadé qu'il y a là un vrai problème d'e-maturité si je puis dire, mais qu'il faudra trop de temps aux sociétés participantes pour réaliser que leurs propres comportements de crevards - pique-assiettes sont professionnellement irresponsables. Entre-temps, les gens comme moi vont de plus en plus se raidir et changer leurs conditions de travail.

A commencer par ne plus offrir de prises de parole à des éditeurs et ce n'est qu'un exemple.

Sans rien perdre de ma transparence intempestive habituelle (je sais, je suis un très mauvais communiquant mais la e-reputation c'est souvent un tissu sur-dramatisé d'arguments bon marché et vous m'aurez vite oublié), je vous confie donc sans stratégie ni misérabilisme, mais avec toute la sincérité dont je suis capable, mon exaspération. Pour ceux que ça intéresse et sans autre prétention.

Si tant est que le concept de web-tv collaborative vaille le coup et qu'il puisse continuer, il faudra désormais montrer patte blanche et un système de péage sera instauré. Je me fous totalement que l'impopularité de la chose puisse mettre un terme à l'aventure, je ne me cache pas : grand bien m'en fasse, je pourrais passer à des opérations plus rémunératrices et "l'écosystème 2.0" devra se contenter de la pensée dominante financée à 100% par des grandes sociétés qui vont pouvoir enfin revenir sur le devant de la scène et squatter le concept.

Mais si donc nous avions une chance de continuer, il faut juste savoir que le système bisounours, c'est terminé.

Les plateaux ne se poursuivront que s'ils sont financés de façon équilibrée par les éditeurs qui en profitent pour faire connaître leur offre. Je me porte garant du maintien de notre indépendance éditoriale - oui je sais beaucoup vont enfoncer la porte ouverte habituelle : "mais oh, comme c'est laid, il va y avoir des financeurs et il faudra leur faire plaisir", "ce clientélisme va vous obliger à changer de ligne éditoriale" etc.
Eh bien non. Nous ne sommes pas stupides ni manipulables.
Je pense coupler, comme le font les organisateurs de salons, les prises de parole gratuites dans les plateaux, avec le même ton décontracté et la même honnêteté intellectuelle critique que d'habitude, avec des pages payantes achetées par les entreprises participantes dans un annuaire qui leur sera dédié, et accessible depuis d'autres pages pour ne pas créer de confusion, comme dans n'importe quel support-média, ou n'importe quel salon B2B aussi, entre le contenu pub et le contenu éditorial légitime. Je n'inviterai plus d'éditeurs qui se prennent pour des divas sans qu'ils ne se soient affranchis d'un geste an faveur de cette web-tv. Ceux qui seront choqués par la chose n'ont qu'à continuer ce qu'ils faisaient jusqu'ici.

Et moi je file merci de votre attention.

 

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