Au départ, les brevets étaient censés protéger les inventions nouvelles, applicables, et non-évidentes. Et cela parait effectivement d'une bonne idée : inciter l'innovation en procurant à l'inventeur un monopole temporaire, en contrepartie duquel l'invention devient publique.
Mais aujourd'hui, lorsque je regarde l'actualité du secteur hi-tech, je ne peux m'empêcher de me demander si ces bonnes intentions sont toujours vraiment au coeur du code de la propriété intellectuelle.
Une guerre (froide) des brevets
Le New York Times publiait récemment un graphique très éloquent de l'état des revendications actuelles des plus gros acteurs du marché du mobile :

On savait déjà le procès intenté par Steve Jobs contre HTC légèrement stupide, mais la "big picture" que nous montre ce graphique est également très impressionnante.
Il est évident que le système actuel incite les gros acteurs du marché (ceux qui en ont les moyens, en fait) à s'armer de maximum de brevets "au cas où". C'est donc à la fois une mesure de protection, mais que dire lorsque cela aboutit au blocage complet d'un concept tel que l'écran tactile ? (Il faut dire que le système américain est probablement le plus laxiste puisqu'il permet de breveter à peu près tout et n'importe quoi... Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que l'expression "Patent trolls" a été inventée...)
Plutôt que de protéger l'innovation, le brevet serait-il devenu une arme d'intimidation pour empêcher l'arrivée de nouveaux entrants sur un marché ? C'est en tout cas ce qui doit être ressenti dans de nombreuses startups ou PME qui ne peuvent prendre le risque de rentrer dans des procédures judiciaires longues et couteuses...
L'open-source à la rescousse ?
Ce n'est pas si simple. Comme le rappelait récemment Steve Jobs [à propos de la guerre autour des codec vidéos] : « malheureusement, qu'une chose soit open source, ne signifie ni ne garantit qu'elle n'enfreigne des brevets. Un standard ouvert n'est pas la même chose qu'être libre de royaltie ou open source. »
Une bombe à retardement ?
En attaquant HTC ou Ogg Theora, Steve Jobs ne risque-t-il pas d'allumer l'étincelle dans une situation déjà explosive ? Le danger semble en tout cas bien réel, et bien malin serait celui pourrait prédire l'issue d'un tel carnage.
Il serait peut être temps d'imaginer un système moins tordu, non ?