Au sortir de la Seconde guerre mondiale, la France a entériné une coupure nette entre le système d’enseignement (l’école) et le système productif (les entreprises). Tandis que le premier a voulu d’abord former des « citoyens », le second n’a eu de cesse de dénoncer le manque de savoir-faire professionnelle des lycéens/étudiants. Bref, en sortant du système de formation initial, les jeunes diplômés devaient encore (presque) tout apprendre de leur métier une fois dans l’entreprise.
Le débat n’est donc pas nouveau… mais il prend de nouvelles formes à mesure que s’accélèrent les mutations économiques et technologiques.
Le secteur de l’informatique est un cas - et un point d’observation - idéal pour saisir cette tension : alors qu’on a besoin de jeunes très bien formés pour appréhender des évolutions toujours plus rapides et complexes, le système de formation ne peut (et non pourra jamais complètement) suivre la temporalité du monde productif.
Est-ce pour cela que, alors qu’on prédit un fort besoin de main d’œuvre dans les années/décennies à venir, seulement 40% des diplômés du bac professionnel et 55% des diplômés du BTS informatique de gestion (bac+2) en poste le sont dans un métier en rapport avec leur formation ? (Dominique Maillard et Patrick Veneau, "Comment l'offre de formation influence l'insertion. Le cas du BTS informatique de gestion", Céreq, Bref, n° 269, novembre-décembre 2009). Et qu’en sera-t-il demain lorsque, la mobilité internationale s’accélérant, les diplômés indiens et chinois seront demain directement en concurrence avec les français ?
Mais finalement, cette « introuvable relation formation emploi », comme on dit souvent, est-elle vraiment problématique ? Pour les jeunes ? Pour les entreprises ? Que faudrait-il, le cas échéant, changer dans les programmes et les méthodes d’enseignement ? L’alternance est-elle la solution miracle qui permettra aux jeunes de mieux comprendre les rouages de l’entreprise et ainsi d’être opérationnels dès la fin de leur formation supérieure ?
C’est pour aborder ces questions que nous proposons d’organiser un plateau avec des éclairages croisés sur le sujet. Sous réserve de leur acceptation, nous aimerions convier :
- un responsable de formation de BTS
- une personne de l’Observatoire de branche OPIIEC
- un expert pour évoquer la question de l’adéquation formation – emploi (par exemple quelqu’un du Céreq)
- un responsable RH (ou un dirigeant) d’une entreprise d’informatique
- un jeune diplômé en informatique qui travaille depuis peu en entreprise