Frédéric BASCUÑANA
Chers amis internautes, si vous avez cliqué sur le petit bouton play de votre player sur, je l'espère Techtoc, c'est que, comme nous, vous êtes arrivés à la conclusion que le 2.0 comme on dit pour simplifier avait cette fâcheuse tendance de réinventer un petit peu tout. Quand je dis fâcheuse évidemment, j'ironise puisque c'est parfois nécessaire. C'est parfois nécessaire d'ajouter, comme le diront d'ailleurs beaucoup mieux que moi mes invités, des couches sociales interactives conversationnelles sur des problématiques, sur des pratiques, sur des disciplines, je cherchais le mot qui, tel que le learning, on parlait d'e-learning il y a 10 ans, on va dire de manière générale l'apprentissage ont peut-être besoin d'être un petit peu rafraîchi non seulement à l'aide de ces technologies qui peuvent nous servir de support, nous permettre d'aller un petit peu plus loin dans l'interaction mais d'être rafraîchi aussi tout court parce que c'est peut-être aussi l'occasion de mettre un petit peu en question des concepts que l'on tient pour acquis comme des évidences.
Je vais rapidement vous présenter nos panélistes aujourd'hui.
D'abord Marc TIREL. Merci d'avoir fait le déplacement. On peut te présenter Marc comme un spécialiste de la dynamique collaborative. Depuis trois ans, tu es au sein d'une société qui s'appelle In Principio dont tu es l'un des co-dirigeants.
Marc TIREL
Oui
Frédéric BASCUÑANA
Mais avant ça, ce qui est intéressant, c'est que tu as fait du e-learning pur et dur chez Schneider Electric.
Marc TIREL
Tout à fait.
Frédéric BASCUÑANA
Mais tu as aussi créé une société qui s'appelait Savoir pour tous. Donc, tu es vraiment le panéliste idéal pour parler aujourd'hui de learning, d'e-learning et de ses évolutions à travers ce que tu appelles justement la dynamique collaborative.
Jérôme. Toi, c'est la première fois que tu viens. J'espère que tu n'es pas trop choqué par mon tutoiement immédiat.
Jérôme COIGNARD
Non, non.
Frédéric BASCUÑANA
C'est ce qui me permet de briser la glace plus vite parce que c'est un style qui est tout à fait conforme à ce que l'on fait sur les média sociaux. On se tutoie très vite. Jérôme COIGNARD, tu es Directeur Innovation chez Crossknowledge qui est une société qui existe depuis 2000
Jérôme COIGNARD
Voilà.
Frédéric BASCUÑANA
qu'en l'occurrence, j'ai personnellement souvent croisé sur des salons sur le learning. Je connaissais un petit peu. Je connais un peu votre rayonnement. Le fait est que vous êtes là depuis bientôt 10 ans. Ce n'est quand même pas rien à l'échelle des évolutions technologiques. Tu as du en voir passer des choses qui vont probablement nous permettre d'enrichir ce débat. Tu as un point de vue assez intéressant d'observateur de ces tendances et évolutions du learning.
Vincent BERTHELOT. Un de nos contributeurs émérites qui a d'ailleurs l'extrême gentillesse de poser les bases de ce sujet. Donc, vraiment, merci encore Vincent parce que c'est toi qui a lancé cette opportunité de débat que tu as d'ailleurs intitulé "Le Social learning, est-il envisageable comme évolution de la formation en France ?". Je rappelle pour les amis internautes qui débarquent ici pour la première fois que tu es responsable d'intranet dans un grand groupe mais que là n'est pas le point le plus pertinent aujourd'hui même si ça va, j'imagine sur ce plateau, nourrir énormément les réflexions parce que tu es un vrai praticien. Mais par ailleurs tu fais aussi du conseil au sein d'une structure qui s'appelle Conseilwebsocial. J'incite d'ailleurs nos amis internautes à aller sur conseilwebsocial.com
Frédéric DOMON. On s'était déjà rencontrés mais c'est la première fois que tu viens sur le plateau physiquement. Sois en remercié parce que tu viens de province. C'est donc un honneur pour nous. Toi aussi, vraiment tu es un expert sur ce sujet là mais un authentique passionné parce que le social learning, c'est quelque chose à quoi tu t'es éveillé avec une fascination vraiment sincère. C'est ce qui transpire de tous les échanges que l'on a avec toi dans l'agence que tu es en train de créer. D'ailleurs, je pense qu'entre le moment où on enregistre cette vidéo et le moment où les gens vont la voir, elle sera probablement déjà créée. En tout cas, tu es un entrepreneur qui est vraiment juste sur le point de démarrer cette activité mais qui a néanmoins en amont beaucoup préparé le thème à travers un blog qui s'appelle "L'entreprise collaborative". Et de facto, tu fournis un service d'accompagnement marketing conversationnel pour tes clients mais aussi déploiement de solutions de learning pour toi aussi, je peux emprunter le thème si Marc TIREL ne m'en veut pas mais tu es aussi dans la dynamique collaborative parce que je pense que c'est le meilleur moyen de résumer ton cœur d'activité. En caricaturant, pour démarrer, il faut bien, après on va affiner, je vous rassure.
Dominique RABEUF. Un personnage complètement à part. Je tiens donc vraiment à te remercier d'être venu. Si on était une émission un petit peu télé mainstream débile, je dirais : L'internaute de la semaine, Dominique RABEUF. Bon, là, on est entre gens sérieux, on va quand même assurer… On rigolera un peu pendant le plateau. Mais ce que j’aime bien chez Dominique, c’est que d’abord tu te qualifies toi-même de contributeur acharné sur Techtoc. Je suis vraiment très heureuse de te recevoir. Ce que j’aime beaucoup à titre personnel chez toi, c’est ton maniement de la langue, ton amour de la langue française qui fait que souvent tu poses les problèmes en prenant le temps de définir les mots. C’est bête à dire mais c’est ce qu’on m’a appris quand j’étais en classe de philo. Je trouve extrêmement puissant pour bien poser les concepts et c’est vrai que tu as quelques réflexions éclairantes dans ce contexte.
Dominique RABEUF
C’est comme ça qu’on fait marcher une machine. Sinon, elle ne marche pas.
Frédéric BASCUÑANA
Voilà, il faut bien commencer quelque part et en particulier par maîtriser les concepts et les mots qu'on va effectivement. Il faut justement faire un travail de sémantique au départ pour poser le sujet. D'ailleurs, c'est un peu par là que je vous propose de démarrer.
Social learning : Vous imaginez bien que l'internaute zappeur est sans pitié. Lui, il arrive sur ce plateau là, il est peut-être déjà parti d'ailleurs, je vous préviens. Mais pour peu qu'il soit encore là, ce cher internaute qui fait partie des 10, 20 % qui partent vite avant la fin des 3 premières minutes, je regarde les stats, le social learning n'est justement pas un terme à la mode. Ca me semble vraiment très dur, une tendance de fond. Je voudrais donner la parole à Frédéric DOMON pour nous expliquer pourquoi le social learning. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que c'est important ? Pourquoi est-ce que ça compte ? Pourquoi est-ce qu'on ne pourra pas y échapper ?
Frédéric DOMON
Le social learning, ce n'est pas juste un effet de mode où on rajoute du social et du 2.0 sur des choses existantes. C'est un vrai changement dans la façon dont on peut appréhender la formation et l'apprentissage parce que c'est un concept qui va englober tout un tas de choses qui ne sont pas forcément nouvelles mais c'est un concept qui est global. Alors, on a plein de définitions différentes. Ca dépend où on peut mettre le cursus. Moi, j'ai une définition qui est assez
Frédéric BASCUÑANA
Encore heureux, encore de dogme et d’orthodoxie
Frédéric DOMON
On est encore en train de se battre sur quelle est la définition de l'entreprise 2.0, qu'est-ce que le 2.0 ? Donc, je pense qu'on a le temps pour le social learning. J'ai une définition qui est vague qui est : C'est le développement des savoirs, des attitudes par la connexion aux autres en utilisant des outils, des médias électroniques et des outils sociaux.
Frédéric BASCUÑANA
Bon, avec Marc TIREL, avant de lancer le plateau et l'enregistrement, je vous demandais : Alors, c'est quoi l'enjeu aujourd'hui les gars ? De quoi avez-vous besoin de convaincre ceux qui vous écoutent ? Et bien, tu peux nous redire ce que tu disais juste avant.
Marc TIREL
Alors, en fait, dans les entreprises et même ailleurs, dans l'Education Nationale, on dépense beaucoup en matière de formation formelle. On verra après que c'est très lié avec le social learning au détriment de la formation informelle. C'est-à-dire que l'on a des gens aussi bien à l'école que dans les entreprises, ils apprennent un maximum de choses en dehors des séances de formation, c'est-à-dire par ses pères, par le fait d'aller à un forum, un salon. Entre enfants, entre adolescents ou entre collègues au bureau, c'est un peu la même chose. Et c'est là où on apprend énormément de choses dans l'action bien entendue et par l'expérimentation. Or aujourd'hui, qu'est-ce qu'on voit ? C'est que le maximum de budget est dépensé dans des structures et des institutions qui dispensent de la formation formelle au détriment du reste. Donc, comment faire en sorte que les entreprises aient un déclic dans l'Education Nationale aussi pour qu'on favorise la formation informelle, dont fait partie le social learning pour moi et qu'on arrête de se focaliser uniquement sur le formel. Loin de moi l'idée de dire qu'il ne faut pas du tout faire de formel. Il en faut mais il faut compléter ça avec de l'informel et le développer.
Frédéric BASCUÑANA
Alors même si cela à l'air évident, je pense que ça vaut le coup de creuser un peu le concept, qu'est-ce que le formel et l'informel ? On va passer la parole à Dominique. D'ailleurs, juste avant le début du plateau, tu rappelais un petit les termes. On va commencer par le début. Si on traduisait social learning ?
Dominique RABEUF
Apprentissage en société.
Frédéric BASCUÑANA
Donc learning pour toi, c'est apprentissage.
Dominique RABEUF
Apprentissage absolument.
Frédéric BASCUÑANA
Tout à l'heure, tu disais avant l'enregistrement, décidemment j'aurais du tout filmer avant l'enregistrement et garder la vidéo parce que c'était très intéressant.
Dominique RABEUF
Il faut enregistrer en permanence.
Frédéric BASCUÑANA
Tu faisais un petit effort de sémantique sur formation, enseignement. C'est quoi les différences pour qu'on arrive à se situer ?
Dominique RABEUF
On a les choses très simples. On va dire, l'instruction. L'instruction, on l'entend, c'est le GPS, c'est le truc con, la bibliothèque. Mais il en faut de l'instruction. On a quand même des formations. Donc, ce sont des formalités. On a besoin de formaliser les choses. Il y a des règlements. Il y a des enseignements, c'est quelque chose de beaucoup plus large. Il y a des écoles qui forment. Et après, il y a des apprentissages, c'est de la théorie et de la pratique.
Frédéric BASCUÑANA
Juste avant, dans formation, il y a un truc qui m'intéresse, dans formation, il y a "forma".
Dominique RABEUF
Il y a forma, formalité, formalisation, formatage aussi mais il faut bien, on formate bien des disques. Ce n'est pas péjoratif.
Frédéric BASCUÑANA
Et dans forma, il y a formel.
Dominique RABEUF
Il y a formel.
Frédéric BASCUÑANA
Voilà, donc, dans les premiers mots que tu évoques, si on fait comme ça, on jette sur la table en toute simplicité, pardonnez l'approche spontanée, mais si on jetait comme ça des tags sur la table pour donner les mots qui sont dans cette espèce de petite écosphère en construction qui est autour du learning. Voilà, on met les formations, formalités. Alors, il y a cette notion aussi autour de la formation de structurer, enfin ce qui est le concept immanent à la formation, c'est le fait qu'elle est structurante. Donc, ça c'est quelque chose de totalement, j'allais dire en anglais inescapable, je ne trouve plus mes mots parce que je n'aurais pas du parler avec des anglais tout à l'heure. Donc, on ne peut absolument pas échapper à cette dimension. Alors, maintenant quand on parle de formation informelle, il y a une sorte de contradiction dans les termes. Est-ce qu'on peut marier ensemble la notion d'apprentissage avec la notion de "Ce n'est pas formel". Voilà, essayons de rester uniquement sur la sémantique en prenant le risque d'enfoncer peut-être des portes ouvertes mais il faut passer par là.
Dominique RABEUF
On va dire que si on a que des réunions formelles, on sera coincé, on ne sortira pas du cadre qui nous a été défini. Pour aller un peu au-delà, on va prendre des risques de déranger. D'accord ? Des gens vont réfléchir dans un coin, ça peut être un atelier, une usine, une sale de classe. Ils vont faire peut-être quelque chose de bien, qui ne sera pas reproductible par d'autres parce que ça n'aura pas été formalisé, ça ne pourra pas être retransmis.
Frédéric BASCUÑANA
Alors là, il y a quelque chose de très intéressant, c'est que dès qu'on entre dans l'informel, on n'est pas dans le reproductible. C'est un sacré levier de discussion ça parce que l'informel est extrêmement puissant mais de même que toute énergie collaborative spontanée, on ne peut pas le reproduire facilement. Il y a une question qui se pose dans le social learning, c'est de maintenir un haut niveau d'énergie. Et oui, parce que c'est une question de thermodynamique collaborative, il ne faut absolument pas que le rythme... Je veux dire que l'intérêt d'une formation structurante, c'est qu'en gros à partir du moment où on a défini ce cadre, on peut transmettre à des professeurs le soin d'appliquer toujours la même structure et grosso modo, on peut dire : "On ne va pas se planter" et effectivement, l'enseignement est fondé là-dessus sur la capacité à s'auto répliquer. Et vous messieurs, certains n'ont pas encore parlé. Justement, je vais vous laisser la parole. Vous, Messieurs, vous arrivez et vous nous dites : Attention, attention, attention, même si c'est évidemment une évidence depuis la nuit des temps, il existe une transmission de savoir informelle par le biais de dynamique collaborative, une transmission de savoir informelle et qui plus est, sous la forme de l'échange communautaire. Vous nous dire, il va falloir qu'on inverse un petit peu la tendance, qu'on pondère différemment la partie très structurée et la partie informelle pour donner plus de poids à l'informel. Alors, c'est maintenant que vous allez nous dire quelle est la valeur de l'informel ? Alors, François justement.
Jérôme COIGNARD
Jérôme mais François est mon deuxième prénom.
Frédéric BASCUÑANA
Ah c'est vrai ? J'ai du le savoir, j'ai du le savoir. Je pense que ça vient de là.
Jérôme COIGNARD
Je pense que dans le contexte dans lequel je travaille qui est celui de l'entreprise, donc je vais parler plutôt de ce contexte-là, pas de la partie éducation. Je pense qu'on ne peut pas opposer le formel et l'informel parce que même dans la formation en salle classique, il y a toujours une part d'informel et une part de surprise. On a tous en mémoire des formations avec des gens particulièrement intéressant charismatiques. Donc, cette direction informelle existe. Et je pense qu'une entreprise ne peut pas totalement basée sont existence et son optimisation opérationnelle avec uniquement de l'informel. Par contre, là où ces nouveaux moyens conversationnels apportent beaucoup, c'est dans la phase, la partie service après-vente de la formation, dans la capacité à prolonger au-delà de la formation classique des conversations entre les gens qui ont suivi la même formation en même temps ou à des moments différents. Et tout le travail qu'on mène, nous, c'est en fait qu'on se place dans une approche de deux trajectoires. Je ne pense pas qu'on va être une destruction massive mais on s'efforce d'injecter davantage de conversation dans des formations plus formelles par nature et en même temps en observant ce qui se passe dans ces environnements collaboratifs très informels, de voir comment on peut faire des passerelles et injecter de la formation un peu plus packagée sur des fondamentaux du savoir par exemple sur lesquels des granules pédagogiques extrêmement ciblés et qui concentrent un savoir intéressant, venir aider lorsqu'il y a un problème et détecter au sein d'une communauté.
Frédéric BASCUÑANA
Je trouve ça très intéressant que Jérôme tu parles d'injecter de la conversation à l'intérieur de quelque chose de formel parce que tu fais bien de le rappeler, on n'est pas là pour opposer deux styles, on est là pour voir comment peut-être mieux le pondérer, mieux les articuler ensemble, mieux les organiser ensemble. Mais juste pour rester, aller un dernier petit coup sur l'aspect un peu sémantique, un peu philosophique de la chose que je trouve intéressant, c'est que moi, je serais le premier, ne serait-ce que pour des raisons personnelles et beaucoup de gens pourraient parler à ma place, en disant que oui, on a jamais si bien compris que dans un contexte informel parfois même sur le pas d'une porte ou ce qu'on a lu avant de s'endormir un soir et bien évidemment à travers la conversation, à travers la transmission d'un savoir qui n'est pas préétabli, qui surgit comme ça dans l'étincelle vivante, etc ... dans l'échange. Il y a quelque de paradoxale que je trouve presque fascinant, c'est qu'on est conscient que cette dimension informelle est importante, donc, on veut l'injecter à l'intérieur des formations un peu... Donc, qu'est-ce qu'on fait ? On est en train de tenter de créer un cadre pour que l'informel puisse s'exprimer, c'est-à-dire que ce que je trouve intéressant comme paradoxe qui devient un casse-tête chinois si on le prend trop au sérieux, vous pouvez le prendre comme une boutade mais je pense qu'il y a quelque chose à creuser, c'est que vous, vous proposez d'accompagner ceux qui voudraient exploiter cette énergie informelle pour la transformer en dynamique mais néanmoins, est-ce que vous n'allez pas prendre le risque de briser, oui on peut le dire, cette extrêmement subtile alchimie qui est justement impossible à planifier parce que par définition, elle est informelle. Elle est ce qui échappe aux cadres habituel. Donc, comment allez-vous, vous, désolé, le mot n'est pas beau, d'autant qu'il est souvent mal employé de manière très péjorative, mais comment allez-vous pouvoir récupérer cette énergie de l'informel sans la formaliser donc lui faire perdre sa magie et son alchimie unique ? C'est ça la question.
Dominique RABEUF
Nous sommes en recherche permanente. Mais la curiosité, ça s'aiguise mais le résultat de la curiosité, ça ne se commande pas. Il y a de nombreuses questions auxquelles on ne va avoir des réponses. On a beau injecter des milliards et des milliards et des milliards, ce n'est pas pour autant qu'on trouvera le remède médical. Et on sait quelques fois, on l'a vu dans beaucoup de disciplines scientifiques que creuser toujours dans le même sens, et on creuser toujours dans le même sens parce qu'à la faculté, à l'école, on apprenait toujours la même chose n'est pas bon non plus. Si un jour, parce que deux couillons se sont trompés, qu'on est reparti sur une autre voie. Ca ne veut pas dire qu'il faut tout le temps semer la pagaille mais il faut jouer sur les deux mais il faut des "bah oui, mais il y a un boulot à inventer"
Frédéric BASCUÑANA
Tu es en train de décrire un système ouvert. C'est ça aussi qui m'interpelle. Un système ouvert dans lequel d'abord, tu parles de curiosité, la curiosité n'est pas un vilain défaut comme chacun sait,
Dominique RABEUF
Si on n'est pas curieux, on n'apprend rien.
Frédéric BASCUÑANA
Et après du évoques la possibilité de déraper un petit peu, faire des erreurs qui nous font justement sortir du cadre tracé.
Frédéric BASCUÑANA
Intéressant mais pour revenir justement à ma question, comment provoquer ces dérapages contrôlés ?
Frédéric DOMON
Il n'y a aucune démarche. Enfin, on peut faire le parallèle avec les démarches 2.0 comme le crowdsourcing. Quand on se lance dans du crowdsoucing, on ne sait pas, on n'a pas déjà le résultat, on en sait pas où on va. Donc, on n’en dirige pas le crowdsourcing. C'est donner dans le cadre de la formation informelle, à mon avis, ce n'est diriger cette formation informelle, c'est donner les outils pour faciliter l'auto-apprentissage pour que les communautés puissent se former, pour que les échanges puissent se faire. Et la formation informelle, même si on est dans une notion d'échange et de relation sociale, c'est avant tout une démarche personnelle. Donc, c'est donner les outils pour que les individus puissent déjà de l'auto-apprentissage.
Frédéric BASCUÑANA
Alors, là, tu nous tends une perche merveilleuse pour passer la parole à Vincent, à mon avis, Vincent dira s'il est d'accord ou pas parce que tu viens de placer un jalon à mon sens important. Tu n'as pas prononcé les termes mais tu aurais du dire : "Il s'agit aussi d'une forme de lâcher-prise". On fait quelque chose sans savoir où ça va nous mener. Vincent est un observateur attentif de "Qu'est-ce que c'est que l'entreprise 2.0 ?" même s'il est le premier maintenant à dire que le terme est en cours d'auto-ringardisation parce qu'il l'étudie et qu'il voit qu'au bout d'un moment, ça ne suffit peut-être pas à tout définir. Mais bon, toi, tu observes ça et le lâcher-prise fait partie des choses auxquelles tu réfléchis quand il s'agit d'échanger avec ces entreprises qui ont justement un peu de mal en la matière.
Vincent BERTHELOT
Pour le coup, je vais reprendre prise parce que je crois que le plateau, l'important aussi, c'est de se dire pourquoi on est là ? On est là parce que la formation malgré les chiffres importants, il y a d'ailleurs autour de la table des personnes qui vivent de ça, de formation, en France, pour l'instant, si on fait un sondage auprès des salariés qui vont en formation, c'est peu satisfaisant.
Frédéric BASCUÑANA
Est-ce que tu peux nous dire pourquoi et en quel sens elle est peu satisfaisante ?
Vincent BERTHELOT
J'ai été dans mon parcours responsable formation durant quelques années. La formation est peu satisfaisante, pourquoi ? Parce qu'elle n'est pas dans un continuum, c'est-à-dire que généralement en plus suivant d'ailleurs les entreprises, ça peut même être vu comme une récompense. Ca fait deux, trois ans que tu n'as pas été en formation, tiens, tu vas choisir ta formation sur le catalogue, donc le gars, c'est youpi, pendant trois jours, il oublie tout et il part en formation. Il voit plein de copains, c'est génial. Il mange même quelque chose qui est meilleur qu'à la cantine. Et puis, il revient, pendant deux, trois jours, il trouve encore que c'est super, etc... Puis une semaine plus tard, il a tout oublié. De ce qui reste à peu près de ces deux ou trois jours, c'est grosso modo, selon les évaluations, entre 10 et 15 %.
Frédéric BASCUÑANA
Constat accablant de Vincent BERTHELOT. Comment voulez-vous réagir à cela ? Vous êtes d'accord avec ce constat ?
Frédéric DOMON
Moi qui viens, qui ai une expérience des PME où vraiment les cursus de formation, il n'y a rien de vraiment réfléchi, c'est tout à fait ça. C'est dans l'année, on va aller, on a la chance de pouvoir faire une formation, on la fait. A la fin de la formation, on va dire toujours qu'on est satisfait de peur que l'année d'après, on n'ait pas le droit à la formation, et puis voilà. Il n'y a rien de construit, rien vraiment qu'on retient. Et là, on est sur des problématiques aussi de l'apprentissage tout au long de la vie. De toutes ces petites formations que l'on peut faire, qu'est-ce qu'on en retire en terme personnel ?
Frédéric BASCUÑANA
Est-ce que le fait qu'on soit capable de dresser un tel portrait de la formation en France, on ne s'intéresse pas aux autres pays, mais bon, j'imagine que le raisonnement peut être facilement transposé avec votre culture d'autres environnements mais est-ce que le fait qu'on peut, là aujourd'hui, sur un plateau comme ça avec un ancien responsable de formation et vous à travers vos parcours, d'ailleurs, on ne l'a pas dit, Dominique, tu as été aussi enseignant, donc, vous venez tous de cet environnement. Est-ce que le fait qu'on peut aujourd'hui établir ce constat n'est pas soi la marque d'une maturation ? Le fait qu'on est en train de franchir une étape qui est la prise de conscience. Ou est-ce que vous avez l'impression de de voir vous battre pour transmettre cette parole.
Frédéric DOMON
Moi, je pense qu'il y a aussi des urgences, enfin, li y a une prise en considération qu'on est dans un environnement qui est changeant, que le changement justement est continu et que l'apprentissage doit être continue. Et on ne peut plus avoir des silos où je suis un moment au travail, un autre moment, je vais être dans une phase de formation et que les deux doivent se mélanger. Et ça, ça peut être apporter par les outils sociaux.
Frédéric BASCUÑANA
Je constate le sourire goguenard de Vincent qui manifestement a quelque chose à dire en réaction.
Vincent BERTHELOT
Dans les DRH, et en particulier dans la formation, il y a souvent des mirages. D'ailleurs, Jacques COQUEREL, malheureusement a vu un mirage. C'est quand même le responsable de la Cegos, il a vu le mirage du DIF, qui est le Droit Individuel à la Formation. Je n'ai pas eu la curiosité de regarder le nouveau catalogue pour 2010 mais si on prend les catalogues précédents, on avait DIF partout, le DIF étant la possibilité ...
Frédéric BASCUÑANA
le Droit Individuel à la Formation
Vincent BERTHELOT
Voilà, donc 20 heures par année qui peuvent être cumulées jusqu'à obtenir 120 heures. Ce qui est déjà pas mal. Et on s'est dit, la plupart quand même des salariés sont privés de formation qui les intéressent, là, ils vont se jeter dessus. Finalement, c'est à peu près 10 % encore. C'est moins que 10 % d'ailleurs. Et là, il se retourne en disant, c'est de la faute des salariés qui s'en foutent, c'est de la faute des RH qui n'ont pas fait la promotion de cet outil, c'est de la faute des organisations syndicales, etc... mais ce n'était pas de sa faute à lui. On a eu le elearning, pareil, Ruée sur le elearning puis finalement, on s'est aperçu que le elearning tout seul, ça ne marche pas parce qu'au bout d'un moment même si on un très bon programme, les gens derrière s'ennuient parce qu'il n'y a pas cette interaction, il n'y a pas ce lien social. Et puis on a eu le serious gaming qui était un petit peu mieux où là, on a le côté addictif des jeux vidéos qui est un petit peu plus sympa. Et il y a quelques entreprises qui ont réussi à monter les choses assez intéressantes à partir de programmes comme Wow par exemple.
Frédéric BASCUÑANA
Petite parenthèse : Tu es en train de nous dire que pour sexifier aussi, en tout cas dans une tentative dont je ne sais pas si elle est désespérée ou réaliste, pour un petit peu inverser la tendance, on a sexifié les formations à travers le serious gaming.
Vincent BERTHELOT
Non, on a trouvé la capacité d'intéresser. Le jeu vidéo est immersif. Arriver à rendre un programme de formation immersif parce qu'il y a un bon scénario, des bons échanges, une bonne sollicitation, etc ... c'est quelque chose d'assez remarquable. Et on arrive maintenant donc au social learning et évitons encore une fois de penser que c'est complètement l'avenir de la formation, que ça va révolutionner, que ça va arrêter tous nos problèmes, etc ... Ce n'est pas la cas, c'est-à-dire que ça va être encore une autre étape et que, moi qui m'intéresse, c'est Frédéric d'ailleurs qui m'a alerté sur cette montée en puissance parce que je dois dire, il y a encore deux mois, malgré mes connaissances en formation RH et puis 2.0, le social learning, je n'en avais même pas entendu parler. Je pense que ça reste encore une élite.
Frédéric BASCUÑANA
J'ai quand même envie de te dire que tu étais un peu dedans sans le savoir parce qu'à partir du moment où tu es un usager des médias sociaux, est-ce que vous êtes d'accord aussi pour constater tous ensemble que la montée en puissance du média social, si ce n'est du moins un social learning indirect, au moins la préparation idéal, le jalon idéal avant de passer à l'étape supérieure ? Marc ?
Marc TIREL
Bien-sûr.
Frédéric BASCUÑANA
Jérôme ?
Jérôme COIGNARD
Les médias sociaux externes à l'entreprise sont déjà des lieux d'apprentissage formidables, notamment Twitter que Facebook. Donc, je pense qu'il y a effectivement en France déjà un ...
Frédéric BASCUÑANA
Moi, ce que j'aime bien d'ailleurs c'est le Questions and answers de Linkedin que je trouve incroyablement poisseux et sans intérêt en France, je ne sais pas pourquoi nous, on n'a pas adhérer mais alors, dès qu'on est dans l'environnement anglo-saxon, alors là, quelqu'un pose une question, il y a 15 réponses, ça bouge. C'est passionnant. Parfois incroyable.
Jérôme COIGNARD
Je trouve Twitter plus efficace. Moi, j'ai été assez déçu par Linkedin justement, je trouve que Twitter est plus efficace. On n'a pas plus de travail.
Frédéric BASCUÑANA
Mais Twitter, c'est du journalisme de liens, alors que dans Linkedin, il y a quand même un salon de conversation.
Jérôme COIGNARD
C'est du cluster d'expertise, Twitter. Je trouve ça plus puissant que Linkedin. Et pour en revenir à la formation en France, je pense qu'il y a déjà un problème de cadre légal qui est extrêmement contraignant. L'elearning ne peut pas être financé sauf exception dans certains autres cas par les budgets formations. Donc, il y a un cadre légal extrêmement contraignant. Il y a des réformes de la formation professionnelle qui sont en cours mais ça va prendre du temps. Ce qui a apporté l'elearning dans un premier temps, c'était un moyen justement de contourner ce plan de formation annuelle et cette rigueur un peu trop sclérosante pour donner accès à plus de gens à la formation. Ca a permis aussi d'améliorer les formations présentielles en faisant précéder la phase de formation en salle de formation en ligne sur les fondamentaux de manière à permettre justement au formateur de se concentrer sur des simulations, des exercices plus interactifs. Maintenant, c'est que les médias sociaux vont rajouter cette couche d'interactivité et tout reste à inventer. C'est ça qui est passionnant.
Frédéric BASCUÑANA
Il faut comprendre quelque part que c'est un moyen d'accepter le risque d'être surpris ?
Jérôme COIGNARD
Je pense que faire le pari du social learning aujourd'hui, c'est accepter ce risque et cette opportunité d'être surpris par ce qui va sortir des discussions entre les personnes.
Frédéric BASCUÑANA
D'accord. Marc TIREL.
Marc TIREL
Pour aller dans le même sens, moi, je voudrais partir d'un fait d'actualité.
Frédéric BASCUÑANA
Tu es train de me dire que vous allez être tout le temps d'accord pendant ce plateau ?
Marc TIREL
Non pas obligatoirement.
Dominique RABEUF
Tout le monde a réfléchi avant, les débats ont eu lieu avant.
Marc TIREL
Je voudrais partir d'un fait d'actualité dont vous avez peut-être tous entendu parler qui est le fameux cours d'histoire qu'on va enlever aux terminales scientifiques, je crois, pour en mettre plus en 1ère. Alors, il y en a qui sont pour. Il y en a qui sont contre. Ca crée un débat phénoménal. Et en fait, on se rend compte qu'on est sur un débat complètement pour moi inintéressant, c'est-à-dire, on ne remet pas en cause la façon dont on apprend et dont on enseigne. On se focalise sur un peu plus de ça, un peu moins de ça mais éventuellement après, il y aura une autre polémique qui va revenir sur pas le mercredi, mais plutôt le samedi. On voit bien que ce n'est pas le cœur du sujet. L'essentiel est ailleurs. Pour moi, l'essentiel est dans comment on bouleverse, je dis bouleverse, la façon dont on enseigne et dont on apprend. Parce que le social learning, c'est ça en fait. On sort là d'un 20ième siècle, voir d'une 19ième siècle dans lequel on a fait du Top-down qu'on évoquait tout à l'heure, c'est-à-dire un enseignant qui était détenteur du savoir et qui dispensait son savoir aux apprenants qui écoutaient bien sagement. Mais là, ce modèle est complètement obsolète et c'est ça qu'on reparle de social learning ou de formation informelle parce qu'on sent bien qu'on a besoin d'apprendre les uns des autres, parce qu'on sent bien aussi que l'enseignant n'est plus sur un piédestal, il n'est plus le seul à tous savoir sur tout ou sur une seule chose d'ailleurs bien souvent, et on sent bien que le savoir se diffuse de partout. Par ailleurs, on a un phénomène d'accélération, de complexité aussi qui fait qu'on ne peut plus se contenter d'être dans un format dans lequel tout le monde va apprendre la même chose au même moment, au même instant au même rythme. Donc, ça, ça n'a plus de sens du tout.
Frédéric DOMON
Justement, le sommet de la pyramide n'est plus forcément détenteur de la connaissance, du savoir. Qu'est-ce que mes salariés ont besoin pour avancer.
Marc TIREL
Exactement. On sort de la logique Top-down pour entrer dans une logique moi, que je qualifierais de Bottom-bottom et ça il faut le permettre. Donc il faut créer le contexte qui va permettre aux gens d'une part d'apprendre entre eux, de socialiser et d'échanger, de créer, d'innover. Aujourd'hui, les personnes innovantes ou créatives, en général, partent des grandes entreprises parce qu'elles n'ont pas la capacité de le faire.
Dominique RABEUF
Il a dit quelque chose d'intéressant.
Frédéric DOMON
Une minute.
Dominique RABEUF
La logique, répète ton terme de logique bottom-bottom
Frédéric DOMON
Bottom-bottom, oui.
Dominique RABEUF
Il vient de dire logique Bottom-bottom, moi, je dirais plus précisément logique modale. Pourquoi ? Parce que c'est la logique qui comporte des modes et c'est exactement ce qu'on appelle la sémantisme, une formalisation de la sémantique, c'est une branche des mathématiques qui s'est développée il y a quelques dizaines d'années parce qu'il savoir quand même, c'est un peu un jeu de mot puisque la théorie du calcul on l'a appelé le Lambda calcul. Mais on va laisser ça aux gens qui font du code. Par contre, la logique modale, c'est quelque chose qui peut être apprise à différents niveaux et moi, ce que je suggérais, c'était qu'on est 6 ici, on se bâtisse une sorte d'auto-cours diffusable. D'autant qu'il y a du business derrière, enfin, il y a des gens qui s'y mettent, W3C y travaillent énormément. Un des leaders est Eric DESORMEAUX qui au départ a eu la drôle d'idée de passer un doctorat en ingénierie sanitaire. Voilà.
Frédéric BASCUÑANA
Je ne vois pas trop le lien mais
Dominique RABEUF
Si parce que ce sont eux qui l'utilisent le plus. C'est notamment les biologistes. Ca leur sert. D'ailleurs le mot ontologie vient ...
Frédéric BASCUÑANA
C'est normal si à ce stade, je suis un peu largué, c'est normal ?
Dominique RABEUF
Tout à fait.
Frédéric BASCUÑANA
Ah d'accord.
Dominique RABEUF
Tout à fait. On entend parler tout le temps de web semantic, et patati et patata. On ne se sait pas d'où ça vient. Qu'est-ce que c'est qu'une ontologie ? Une ontologie, tout simplement, c'était les naturalistes qui classaient les petits trucs, tu ouvres, les herbiers, comme ça. Donc, au départ, avant des choses très extraordinaires, on va tous repasser à la moulinette. Les gens vont se poser des questions pas informelles mais on va déformer, faire du multiformat. Et quand les choses seront très bien classées, on aura de quoi monter une échelle du dessus parce qu'on pourra mieux brasser la matière, les savoirs et faire des constructions rapides qui seront adaptables aux profils des gens parce qu'on n’apprend pas tous à la même vitesse. Il y en a qui vont beaucoup plus vite, d'autres moins vite. Puis pour les adultes, c'est pareil. Il faut qu'en même derrière qu'il y ait... C'est un boulot quand même. On ne va pas mettre les ... surveiller des gens avec des électrodes mais on peut faire de véritables classes, des écoles avec une certaine formalisation mais on va dire des multiformats pour qu'ils soient beaucoup plus efficaces et puis une interaction, pas seulement du ou des groupes de professeurs mais ensuite un contenu qui se reconstruit par opposition autour du maître. Les grecs faisaient ça autrefois.
Frédéric BASCUÑANA
Tu parlais d'auto-construction, Marc voulait réagir ensuite Vincent.
Marc TIREL
Pour aller dans le même sens, en fait, il circule sur internet, vous pourrez tomber dessus, c'est une learning pyramide. Il y a la pyramide des savoirs de Maslow, enfin des besoins. Il y a une learning pyramide qui dit : Ben voilà, si on est en lecture seulement, on retient 5 %. Si on a un prof qui nous fait son cours traditionnel ou du elearning ou des choses comme ça, on retient à peu près 5 %. Si on lit soi-même un document, on en retient 10. Si on est dans l'audiovisuel, donc le multimédia, on en retient 20. Si on est dans de la démo, on en retient 30. Si on est dans des groupes de discussion, on en retient 50. Si on est en train de faire quelque chose, donc l'apprentissage dans l'action, on en retient 75% et si on enseigne aux autres, on en en retient 90. D'où l'idée de se dire ...
Frédéric BASCUÑANA
Alors il manque une catégorie très intéressante, c'est quand on est forcé d'animer des plateaux auxquels on ne comprend rien. On apprend super vite.
Marc TIREL
Alors là, c'est top.
Dominique RABEUF
Il faut que des gens se sacrifient pour
Frédéric BASCUÑANA
On me surnomme Bob l'éponge, j'absorbe tout ce que vous dites.
Marc TIREL
Quand on réalise cette pyramide et qu'on regarde comment la formation est faite aujourd'hui, on voit qu'on est dans les formules qui sont les moins efficaces et qui coûtent le plus cher. Pourquoi c'est intéressant ce truc-là ? Il faut savoir que dans les années 1800, il y a eu en France, ce qu'on appelait des écoles mutuelles. Et dans ces écoles mutuelles, c'est pas très connu, on a fait en sorte que les enfants s'apprennent entre eux. Alors, c'était doublement pertinent. Pourquoi ? Parce que : 1. Ca revenait moins cher. 2. C'était plus efficace, ils apprenaient deux fois plus vite et deux plus de choses que les autres.
Frédéric BASCUÑANA
Et c'est pas aussi ces écoles dans lesquelles c'était un petit peu déstructuré au niveau des horaires, c’était en fonction des envies de chacun?
Marc TIREL
Je ne crois pas, non. Au contraire. Il y a Montesorri, Steiner et tout ça.
Frédéric BASCUÑANA
Je confonds avec les libres enfants de Summerhill, je ne sais pas si vous l'avez lu. C'est sympa.
Marc TIREL
En fait, cette histoire de mutual learning, à mon avis, on n'est plus dans le social mais c'est du social par le fait, mais c'est du mutual dans lequel chacun va apprendre des autres et dans lequel on va être forcément beaucoup plus rapide, beaucoup plus efficace. Et si en plus, on peut faire baser ça sur les passions, les envies des gens, à ce moment-là, on est gagnant.
Frédéric BASCUÑANA
Alors, attends, Marc, quelles sont les conclusions tirées de cette expérience ?
Marc TIREL
Ca a marché tellement bien qu'on avait besoin de beaucoup moins de profs, forcément.
Frédéric BASCUÑANA
Alors, attends, elle a eu lieu quand cette expérience ?
Marc TIREL
Dans les années 1800, entre 1800 et 1830.
Frédéric BASCUÑANA
Mais c'est fou, ça.
Marc TIREL
Ce n'est pas connu.
Frédéric BASCUÑANA
Ok.
Marc TIREL
Et en fait, il y a du bon. On faisait déjà à l'époque du social learning.
Frédéric BASCUÑANA
Alors, par contre, il y a un type qui est beaucoup plus connu. On en a tous plus ou moins entendu parler comme ça au détour d'une lecture. Moi, je crois que la première fois c'était il y a 15 ans. C'était un livre, j'étais tombé dessus par hasard, qui s'appelait "Une société sans écoles" de Yvan ILLICH. Il y avait cette notion...
Dominique RABEUF
Il faut vraiment que tout le monde soit éduqué à la base.
Frédéric BASCUÑANA
Je suis sûr que tu l'as lu.
Dominique RABEUF
Oui bien-sûr mais bon. Il faut un certain état d'esprit. Ce sont des gens, ils ne savent rien. Ils sont hyper éduqués à la base. Ils sont une discipline d'enfer pour arriver à ça. Ce n'est plus possible.
Frédéric BASCUÑANA
Je veux savoir un peu quelle sont les racines de cette réflexion.
Frédéric DOMON
Non mais les outils sociaux le permettent. Il y a tout un mouvement aux Etats-Unis qu'on appelle le Hacking Education. Il y a un article qui est sorti l'année dernière dessus qui disait "Pourquoi a-t-on encore besoin des universités alors qu'on a google ?".
Frédéric BASCUÑANA
Mais non, il ne faut pas non plus exagéré. Ce n'est pas ...
Dominique RABEUF
Pour faire de la biologie sans expérience, c'est dur.
Frédéric DOMON
Non, c'est dire que les savoirs sont disponibles, partout, n'importe qui peut aller les chercher. Après, c'est dans l'accompagnement.
Marc TIREL
Sur ce sujet-là, il y a une expérience qui est fabuleuse qui s'appelle The hole in the wall faite par un indien qui vit en Angleterre qui a mis en Inde dans des villages complètement isolés sans électricité, sans rien, il a mis des ordi sur un mur dans un trou. En fait, il a mis le clavier avec la souris. Et c'est fabuleux de le voir. Je vous conseille d'aller voir sur internet The hole in the wall. Les gamins en fait qui n'ont jamais vu un ordinateur de leur vie ni un écran ni une souris, il y a un premier qui s'approche qui comprend la relation de la souris avec l'écran, il apprend comme ça à manipuler l'ordi tout seul. Il y a en un qui le regarde qui apprend par mimétisme, etc ... Et donc on voit tout un tas de jeunes, en plus l'écran a été mis en dehors de l'école, loin dans une aire de jeu en fait. Donc, ça a un côté ludique. Et puis, on voit comme ça, comment se propage la formation, le mutual learning ou le social learning.
Vincent BERTHELOT
Ils apprennent ce qu'ils veulent. Tu sais, tu n'as pas besoin d'aller aussi loin. Tu prends n'importe lequel de nos enfants, tu lui donnes un jeu vidéo. Il ne va regarder le mode d'emploi, il va aller directement dessus. Moi, je trouve que c'est un grand danger que de penser que tout le monde peut enseigner à tout le monde. Désolée, parce que c'est peut-être mon éducation dans les arts martiaux qui fait que j'ai une autre approche du maître que celle qui consiste à vouloir toujours le maître en cause parce qu'on vient de lire un truc sur google. Je plains les médecins actuellement sur la vaccination parce qu'ils doivent vraiment, ça doit être quelque chose. Je pense que le social learning, là où il devient extrêmement intéressant et extrêmement productif, c'est à partir d'un moment où, Dominique le disait en termes d'éducation, c'est en termes d'expertise. C'est-à-dire que c'est là où quand on n'y connaît rien parce que quand on débarque sur un poste et que on y connaît rien, généralement, on est très content d'avoir un bonne formation sur des formateurs traditionnels. On est très content. C'est quand on commence à avoir déjà un petit peu de bouteille dans justement son poste, qu'on veut aller plus loin, qu'on est très content de pouvoir aller à des conférences, où la conférence n'est pas tellement intéressante, on n'en retient que 10-15 %, par contre, les gens qu'on va voir lors de la conférence, ceux avec lesquels on va discuter à table, etc ... là, ça devient intéressant. Et donc, après, on a la difficulté de continuer ça avec les mails, etc ... Alors, là ce qui change, c'est marrant parce que toi, sans t'en apercevoir tu es en social learning, c'est-à-dire qu'on Techtoc TV est une plateforme de social learning. En plus c'est une plateforme, enfin, on se voit après parce que je te dis d'ailleurs ton avantage concurrentiel, c'est que par rapport aux autres plateformes, tu as la vidéo. Donc imagines comment on apprend plus vite de la vidéo que du texte.
Frédéric BASCUÑANA
Je vais dire une chose très révélatrice, c'est qu'on a effectivement commencé ... Attendez, j'enlève mon costume de présentateur. Merci Vincent de me tendre la perche. Je peux le dire parce que c'est officiel depuis quelques jours, le premier client qui va véritablement utiliser la plateforme de manière interactive et collaborative, c'est TNS-Soffres, dans des contextes qui consistent à impliquer des collaborateurs dans des formations mutualisées avec des clients. On ne peut pas rêver mieux. Mais moi, ce que j'aime bien dans d'autres plateaux, vers lesquels je revois nos amis internautes, on parlait des marques et des communautés, finalement, on n'est pas si loin de l'approche communautaire, les capacités à créer la dynamique de la discussion et j'ai l'impression que ce qui est fondamental c'est d'être capable d'avoir un objectif. Tu l'avais fort justement rappelé. Mais étant donné que là on a essayé de poser quelques bases avec de la sémantique, c'est aussi être capable de formuler un objectif. Et j'ai l'impression que le serpent se mord la queue à un moment donné quand on veut essayer d'injecter dans la formation une dimension informelle. C'est que pour pouvoir le faire, il faut manifestement avoir été capable au début d'avoir amorcer de manière très formel quelque chose pour pouvoir le casser ensuite. Est-ce que vous êtes d'accord avec ce constat ? Et d'ailleurs, je crois que c'est ce que tu disais Jérôme. Tu disais, en fait que toi, tu cherchers un équilibre entre les deux.
Jérôme COIGNARD
Je pense que les entreprises sont allées très loin dans l'optimisation dans l'excellence opérationnelle avec des process, de la formation très cadrée. Il y a le témoignage de John CHAMBERS, le patron de Cisco qui a expliqué comment il avait contre sa propre nature basculer son entreprise dans une approche collaborative et aujourd'hui, en fait, tous ces médias sociaux, que ce soit dans la formation ou dans d'autres process, sont une manière de réinjecter, ce que disait un des participants tout à l'heure, un peu de surprise et d'imprévu. Ce qui fait qu'on va être capable d'être meilleur que le voisin parce que si tout le monde finit par optimiser ses process de la même manière, il n'y a plus d'avantage concurrentiel. Ca rajoute de l'incertitude, de la surprise et de l'innovation.
Frédéric BASCUÑANA
Vous allez voir que je suis terrible parce que j'oublie, vraiment je suis même sans pitié, ça devient un défaut à la fin, je me rappelle des questions que j'ai posées auxquelles je n'ai pas vraiment eu la réponse. Donc, je reviens 20 minutes après. Par exemple, au début, on parlait effectivement de ce paradoxe entre le formel et l'informel, puisque quelque part on va être tenté de formaliser l'informel. Et oui, c'est ça le social learning, c'est-à-dire on va tenter de créer le cadre.
Vincent BERTHELOT
On a fait cette erreur-là en Knowledge Management.
Frédéric BASCUÑANA
Intéressant. Alors là, Vincent m'apporte un élément historique.
Vincent BERTHELOT
On a fait cette erreur là en Knowledge où on a voulu rendre implicite les savoirs qui étaient tacites avec tous les diagrammes qu'on connait bien, etc ... avec les millions qu'il y a dedans et avec les frigidaires et les denrées très périssables dedans. Des denrées périssables, c'est-à-dire que quand on ouvre le frigidaire, on le renferme. Pourquoi ? Parce qu'il y a quelque chose qui est de la nature du vivant, je parlais du lien social tout à l'heure et la formation d'ailleurs. Les entreprises qui ont actuellement de grosses difficultés justement sur le dialogue social devraient s'interroger sur la capacité de la formation à remettre du lien social. C'est extrêmement important. Dans le tacite, l'implicite, dans l'informel, on a ce lien social, on a ce côté vivant, on a ce côté interaction, flux, etc ... Vouloir l'enfermer, vouloir le mettre en data, etc ... on le perd. Enfin, le récupérer. Il faut l'encourager. Il faut le faire vivre. Et c'est pour ça que les plateformes sociales sont intéressantes parce qu'elles permettent... Tiens, on va faire même un petit coup de chapeau au web 09 puisqu'il est sur le web temps réel.
Frédéric BASCUÑANA
Oui, je le dis pour nos amis internautes. Après demain, c'est le web de Loïc et Géraldine.
Vincent BERTHELOT
Voilà. Ca, c'est un thème qu'on aurait du traiter. Tanpis pour toi Loïc, tu aurais du nous demander avant. C'est extrêmement important.
Frédéric BASCUÑANA
Il y a un plateau planifié le 14 sur le real time web.
Vincent BERTHELOT
Le social learning en real time web, ça va exactement ensemble.
Jérôme COIGNARD
Je voudrais rebondir sur ce que disait Vincent parce que dans une vie antérieur j'ai travaillé dans ce domaine du Main management. Je pense qu'une des erreurs qui a été commise à l'époque était de mettre l'accent sur le document, de demander aux gens de s'effacer derrière le document. Là où les approches de réseaux sociaux sont plus puissants, c'est qu'ils laissent les personnes se mettre en avant avec leur expertise qu'elles veulent apprendre, le document n'étant qu'une des manières de formaliser leur savoir-faire mais ce n'est pas forcément le plus important.
Frédéric BASCUÑANA
Vous êtes donc d'accord tous les deux avec cette idée qu'il y a quelque chose, désolé j'insiste, mais qui relève d'une alchimie que l'on tente de renouveler en laboratoire en quelque sorte, on s'aperçoit que c'est quand même super difficile de mettre le doigt dessus. Vous êtes d'accord avec ça ou pas ?
Vincent BERTHELOT
Pas vraiment parce que tu le vois toi-même sur le plateau par exemple qui a été préparé comment naturellement les gens ont échangé, etc ... et tu n'as pas eu besoin d'aller passer des coups de téléphone, etc ...
Frédéric DOMON
tu n'as pas eu besoin de diriger ou de piloter.
Vincent BERTHELOT
Voilà, à partir du moment où les gens sont intéressés, à partir du moment où tu leur offres une plateforme mais encore faut-il qu'on ait quelque chose d'intéressant à dire et à partager parce que ça rappelle donc le plateau sur les marques et les communautés. Tu peux toujours essayer d'entamer le dialogue et la communication bi-directionnelle, si tu n'as rien d'intéressant à dire, ça me fait penser à Go Voyages. Go Voyages, ils sont bien, ils commencent à se mettre au 2.0 et je les salue pour ça sauf que ça me paraît tiède, c'est-à-dire qu'ils nous proposent de baptiser, tu sais, leur grenouille. Il y a une grenouille.
Dominique RABEUF
J'ai vu le truc, je me suis marré.
Vincent BERTHELOT
On nous propose donc de ... Tu vois, je lui ai passé le lien à Dominique sur Twitter. Comme tu disais, Twitter est un formidable outil. Et donc, on est invité à baptiser la grenouille. Alors, là où Kodak a fait la même chose avec le SI8 et où ça devient un monument puisque les 4, 5 premiers sont invités à la super convention qui va y avoir à Las Vegas, que le premier va recevoir je ne sais pas quoi, il va faire une tournée, etc ... Go Voyages te dit merci.
Frédéric BASCUÑANA
Oui
Vincent BERTHELOT
Tu vois, quand tu demandes, quand tu échanges, il va falloir aussi proposer quelque chose qui soit intéressant.
Frédéric BASCUÑANA
Et pragmatique parce que le fait de nommer un appareil qui sera ensuite en vente, c'est peut-être un peu plus pertinent avec l'univers de cette marque en l'occurrence.
Vincent BERTHELOT
Non, mais ça peut être sympa.
Frédéric BASCUÑANA
A la fin, il y a une chaîne de production. Nommer la grenouille, j'avoue, je n'ai pas compris.
Vincent BERTHELOT
Oui.
Dominique RABEUF
Il faut les voir en vrai parce que sinon, c'est trop compliqué.
Vincent BERTHELOT
Non mais c'est leur truc. Juste pour terminer, quand on parlait tout à l'heure de la capacité des personnes à apprendre d'elle-même, etc ..., oui, mais ça demande déjà un niveau, pour moi.
Marc TIREL
Moi, je pense que ce n'est pas tant une question de niveau, c'est une question de contexte. Si on propose un contexte pertinent qui favorise ça, les gens vont le faire naturellement. Si on ne le favorise pas parce qu'on impose des règles, des schémas tout fait, là, forcément, ça ne va pas avoir lieu.
Frédéric BASCUÑANA
Avoir contexte et même peut-être un contexte culturel. Je suis désolé, je reviens à l'exemple que je donnais tout à l'heure: Moi, autant je m'éclate à lire des conversations sur Linkedin entre experts. J'ai l'impression que ça prend. Et ça ne me semble pas être simplement lié à la taille du territoire US et au nombre d'usagers. Ca m'a l'air vraiment d'être culturel. Là où les conversations sur Linkedin, ça ne prend pas.
Dominique RABEUF
Sur quoi ?
Frédéric BASCUÑANA
Sur Linkedin
Dominique RABEUF
Je n'aime pas Linkedin ni facebook.
Frédéric DOMON
Il y a tout un aspect que l'on n' pas abordé, justement pour moi le social learning, c'est avant une démarche individuelle et dans cette démarche d'auto-apprentissage, c'est tout ce qu'on va mettre derrière, ces termes de PKM, de personnel, knowledge management, ce sont des démarches. Après, on pourrait parler d'outils complexes mais ce sont des démarches qui sont simples à mettre en œuvre et c'est ce qu'on fait quand on parle d'auto-apprentissage. Je vais sur TechtocTV, je lis des choses, je trouve des liens qui m'intéressent, je vais les tagger sur un outil de bookmarking social, je vais les synthétiser tôt ou tard peut-être dans un billet pour un blog. Et là, je suis dans une démarche de social learning. Si on mutualise ces différentes démarches au sein d'un service, si dans une entreprise plusieurs personnes vont ça et qu'on mutualise toutes ces démarches d'auto-apprentissage où les gens font ça pas parce que leur chef leur a demandé mais parce que c'est dans leur intérêt, ce n'est pas un travail pour eux, c'est une activité personnelle mais là, la collectivité et l'entreprise va en tirer un bénéfice.
Frédéric BASCUÑANA
J'ai vu justement sur entreprise collaborative, la petite introduction PKM par Harold Jarche qui aurait d'ailleurs peut-être pu être avec nous aujourd'hui via skype mais apparemment, on a perdu la connexion, donc la prochaine fois je pense qu'il sera là. Je suis vraiment perplexe parce que j'ai l'impression d'abord pour être parfaitement net qu'on enfonce une porte ouverte. On dit : Bon, la nature humaine, c'est tout à fait normal, on est porté à une sorte de mimétisme. On regarde les bonnes pratiques puis voilà ce qu'on fait. Et puis, en le lisant, je m'aperçois que c'est que je fais, c'est ce que tu fais, c'est ce que Vincent fait, c'est ce que tout le monde fait et vous comprendrez là que sur Techtoc, on parle écosystème, ce que j'ai envie de comprendre, c'est "Mais comment je fais un business de ces conseils de bon sens ?" Je veux dire, ma grand-mère me donnait des bons conseils aussi sur des trucs qui n'ont rien à voir et sur internet, je me ballade, j'apprends naturellement. J'ai l'impression qu'on met un mot, désolé mais il faut de temps en temps que j'attaque un peu quand je ne comprends pas. J'ai l'impression qu'on mont un mot qui fait bien PKM, donc je le dis d'ailleurs pour nos amis internautes si vous n'avez peut-être pas bien entendu, vous savez qu'on a parfois interviewé PKM Philippe KOSCIUSKO MORISET. [rires] Ca n'a rien à voir, c'est Personal Konwledge Management. Et quand, je regarde, je me dis : Ok, c'est évident, c'est l'enfant avec la souris d'ordinateur et bien-sûr au bout d'un moment, tu restes confronté à l'ordinateur, de toute façon, c'est ce que tu vas faire. Ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est comment vous réinjecter de la structure là-dedans et comment vous faites du business Je suis désolé de poser cette question mais je ne comprends pas.
Marc TIREL
C'est une bonne question. Mais pourquoi absolument faire du business ? On n'est pas obligés. C'est une partie importante, c'est vrai mais on est dans un monde dans lequel il ne faut pas tout voir non plus avec le business.
Frédéric BASCUÑANA
Je vais dire autrement. On est tous naturellement évangélisateur de ce qu'on estime être nos valeurs ou nos doctrines ou ce en quoi on croit mais il y a bien à la base une sorte d'alchimie du commencement qui est une envie intime, c'est ça que je veux dire. Ce que décrit Harold, c'est un truc vachement intime, en l'occurrence, on s'y retrouve vite parce qu'on comprend ce qu'il fait et qu'on le fait naturellement. Mais, ça me fait penser par exemple, je vais vous dire, à un sujet paradoxal qu'on m'avait posé quand j'étais à HEC qui était une sorte de pseudo philo business management à la "mords-moi le nœud" et j'avais trouvé la question intéressante malgré tout. C'était la réponse qui était vraiment du niveau d'HEC, c'est typique et sans intérêt. Et néanmoins la question était super bonne. C'était : "Apprend-on à entreprendre ?". On ne peut pas apprendre à avoir l'envie de démarrer un truc. On peut se donner certaines bases. Et d'ailleurs sans ces bases, on ne pourrait peut-être même pas avoir ne serait-ce que la possibilité de démarrer.
Vincent BERTHELOT
Considère-les comme des facilitateurs. Considère-les comme des puissances X dans ta capacité d'apprendre et de partager et je pense que le business derrière, c'est quoi ? C'est d'une part les plateformes, tu sais qu'actuellement, il y a déjà de quoi faire du personal learning, simplement avec les outils gratuits sauf que tu as une difficulté à agréger l'ensemble, à te reloguer à chaque fois, etc ... Donc après, tu as des plateformes qui sont collaboratives qui sont faites sur le système que tu as toi. Et après, il va y avoir des plateformes qui vont faire Papa, maman, etc ... qui vont valoir très chères et des gens qui vont conseiller pour les plateformes, le business sera toujours le même.
Frédéric BASCUÑANA
C'est ça qui m'ennuie toujours. Ce sont des facilitateurs, ok. Moi, j'essaie vraiment, pour le coup, je suis commun des mortels par rapport à vous je suis ignorant, mais tant mieux, on va exploiter mon ignorance, d'accord, pour arriver à creuser ce truc-là. J'ai l'impression qu'on veut, même quand on emploie le terme de facilitateurs, mettre un petit peu d'ordre dans quelque chose qui par nature relève de l'intimité désordonnée dans laquelle on finit par mettre de l'ordre soi-même, etc ... et que si on essaie de remettre une sorte de flux structuré là-dedans, on perd cette magie de l'auto-apprentissage, vous voye [...]